Le
mensonge appelle la tarte
Inspirés par l'entarteur
belge Noël Godin, de joyeux drilles ont fait découvrir,
jeudi dernier, les plaisirs de la tarte à la crème
à l'ex-chef de police Jacques Duchesneau. Nous avons rencontré
les anarchos-patissiers: Quatre pattes, l'"entartiste"
responsable de cette farce burlesque s'il en est, en compagnie
de François Gourd, le porte-parole "officiel"
des Entartistes du Québec.
ICI:
Qu'est-ce que ça fait d'entarter Jacques Duchesneau?
QP: De un, c'est
grisant et de deux, je pense que l'on se sent un peu moins impuissant
face à la politique. C'est sûr que ça ne va
pas changer Duchesneau qu'on l'ait pogné. C'est sûr
que c'est lui qui va rentrer à la mairie, parce que c'est
lui qui a le plus d'argent en arrière. Sauf que ce soir-là,
ce qui était un peu jouissif, c'est que ça lui a
coûté 40 000 piasses pour avoir toute l'attention
des médias le lendemain, et pis nous autres, avec une poignée
de gens et une poignée de crème, on a réussi
à bousiller une machine qui nous paraît d'habitude
tellement grosse qu'on se sent impuissant.
Donc, il n'y
a pas juste l'humour, il y a aussi une réelle volonté
de déstabilisation derrière ça?
QP: C'est sûr,
on a milité de toutes sortes de façons, puis on
en arrive à la conclusion qu'il faut essayer de militer
d'une façon un peu plus drôle, un peu plus humoristique.
Parce qu'être aussi sérieux que le gouvernement ou
les corporations, (...) c'est embarquer dans leur game.
À quelque part, je pense qu'il faut partir une nouvelle
game.
FG: Nous, on dit
au monde, prenez une tarte et exprimez votre mécontentement...
QP: Notre but,
c'est de stimuler un entartement général. Que les
gens prennent une tarte, qu'ils aillent voir leur député,
leur gérant de caisse populaire.
Vous n'avez
pas l'impression de participer au cirque que vous dénoncez?
QP: On veut s'impliquer
dans le débat politique. C'est pour ça que l'on
pose un geste concret et direct comme ça. Le sort de notre
collectivité nouus tient à coeur, c'est clair.
FG: C'est pas nous
qui transformons la politique en cirque. Ce sont les politiciens
(...) La politique devient un cirque et appelle les clowns. Nous,
on va là pour aider à rehausser le niveau.
N'est-ce pas
là en même temps un aveu d'impuissance, d'échec
des moyens traditionnels?
FG: Les gens prennent
les moyens qu'ils ont, ceux du SalAMI choisissent la rue; nous
on choisit la tarte. Chacun son moyen... L'humour est un véhicule
extraordinaire. C'est une arme invincible. La preuve, on est allés
effoirer une tarte dans la face du chef de police à la
gare Windsor où il y avait plein de policiers, il n'y a
presque pas eu de violence, juste un peu de rudesse. Le chef a
dit qu'il aimait ça; c'est extraordinaire. Lui, c'est sûr
qu'il en aura une deuxième.
Avez-vous l'intention
d'entarter tous les politiciens?
FG: J'irais pas
entarter le RCM, même s'ils se calent eux-autres même.
J'irais pas entarter le Parti de la démocratie socialiste
(...) C'est en fonction du mensonge. Plus le mensonge est grand,
plus le mensonge appelle la tarte.
Yves SCHAËFFNER
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